Linux, c’est comme un bon film à suspens : plein de retournements de situation. Et c’est possiblement ça plus grande faiblesse de nos jours…
Je pensais avoir calé mon choix de distribution pour quelque temps. Mais voilà que trois applications et un bureau récalcitrant sont venues tout chambouler et me diriger vers une nouvelle distribution (en rolling release selon l’envie du moment) qui a su enjamber toutes les difficultés comme si de rien n’était. Ce qui explique d’ailleurs l’engouement qu’elle cultive au milieu d’un foisonnement de propositions de Linux.
J’ai en effet, ces derniers temps, rencontré plusieurs difficultés soit avec des applications, soit avec un bureau, soit avec des distributions. Tout cela m’a amené à re-re-tester les dernières versions des distributions les plus connues et des bureaux parmi les trois ou quatre plus courants. Sachant qu’il y a moult – trop ! – Desktop Manager.
Voici les problèmes rencontrés :
KDrive : ce site est actuellement hébergé chez Infomaniak avec lequel je dispose d’un espace de stockage d’une quinzaine de gigas. Pour synchroniser mes PC avec ce petit cloud, l’hébergeur met à disposition l’application KDRIVE sous la forme d’une Appimage. Sous KDE, quelle que soit la distribution, impossible de valider le token qui permet de connecter l’appli. C’est OK sous Gnome, Cinnamon, XFCE. Mais KDE bloque tout avec ou sans Kwallet. Possible d’ailleurs que cela n’ait rien à voir avoir par le trousseau de KDE. J’avoue ne pas avoir trop de bande passante pour ce problème.
Cryptomator : sous certaines distributions, l’application de coffre-fort ne parvient pas à déverrouiller le Kdrive local.
Imprimante Laser Brother 3760 en réseau : hors Debian/Ubuntu difficile ou impossible d’installer l’imprimante.
Plymouth de KDE : bloque – à priori – le lancement d’une distribution lors des tests. Et rien n’y fait même en corrigeant le script du GRUB.
Non reconnaissance d’une vieille carte Gforce 820M : beaucoup de distributions ne la détectent, ce qui assez normal compte tenu de son ancienneté, mais même en installant des drivers libre ou le drivrer 390 de Nvidia rien n’y fait.
Digital Sheet V3 en appimage : une petite application de feuille de personnage qui galère avec une Librairie Linux et Gnome.
Bref, tout un tas de petites contrariétés disparates qui, certes, ont des solutions en passant par le terminal et plusieurs lignes de commande, mais qui démontrent encore que Linux a un petit peu de chemin à faire vers la distribution parfaite, facile d’accès.
Au termes de mes essais, seulement deux distributions sont parvenues à sortir du lot : une distribution stable et une rolling release.
STABLE RELEASE – le choix

Sans véritable surprise, Linux Mint Cinnamon, en tant que distribution Stable, a remporté la victoire haut la main avec 100% de réussite. Mint a lancé sans sourciller les applications et trouvé l’imprimante. En tous les cas Ubuntu et Fedora, que cela soit « vanilla » ou leurs forks ou spin, se sont plantées, mais pas sur les mêmes difficultés, mais plantées tout de même. De plus KDE comparativement à GNOME, CINNAMON et XFCE est apparu comme le bureau le plus récalcitrant et bogué ; du moins pour ce qui me concerne.
Linux Mint reste donc encore extraordinaire. Seul bémol dans sa version 22 en 2025, un wayland qui tarde à se mettre en place, un Cinnamon très efficace et précis mais qui évolue très lentement, presque trop sage et enfin des performances en jeu un peu en dessous de distributions plus spécialisées. Il est temps que Mint propose une variante profilée Jeu Vidéo pour conserver sa grande visibilité et restée dans le top 3. Il est temps également de laisser tomber MATE pour un autre bureau. Pourquoi pas Hyperland…
Cela dit MINT met encore à ce jour et selon mes contraintes et mes attentes personnelles, une rouste à toutes les autres distributions dites Stables.
Note : je laisse les immuables de côté pour l’instant.
DOnc j’aurais pu revenir sur Mint en toute tranquillité et confiance (c’est important la confiance), mais j’avais envie de fraîcheur et donc de Rolling Release.
ROLLING RELEASE– le choix

Dans le camp des rolling release, Manjaro Gnome a failli remporter la victoire, mais elle s’est heurtée à l’installation de l’imprimante. Dommage, car Manjaro reste une valeur sûre avec de très bonnes intégrations de bureaux, une capacité à faire tourner des jeux vidéo très largement dans le haut du panier, et un testing de paquets qui sécurise les mises à jour. Mais voilà, ne pas parvenir à installer une imprimante en automatique même avec le driver AUR a été pour moi surprenant, puis agaçant, et enfin rédhibitoire ! À mon grand regret.
Contre toute attente, et en même temps en toute logique à la vue de sa réputation du moment, c’est CACHYOS qui est le grand vainqueur des rolling release en résolvant 95% des problèmes dont l’installation de l’imprimante. Une CachyOS qui défonce OpenSUSE Tumbleweed que je croyais parfaite et qui m’a fortement déçue en alignant pas moins de trois difficultés dont celle de la détection et de l’installation de l’imprimante. Sans parler de la version encore jeune au moment d’écrire ses lignes de Myrlyn, l’installeur de paquet qui est certes prometteur, mais a bogué chez moi plusieurs fois.
Me voilà donc de retour en Rolling Release, sous une saveur ARCH linux, avec une impressionnante CachyOS dont le bureau phare est KDE. Ce même KDE qui m’a empêché après installation de lancer CachysOS sur mon vieil Asus I5 550 même en bidouillant GRUB pour virer cette merdouille de PLYMOUTH. Finalement, j’ai opté pour Gnome parmi tous les bureaux proposés à l’installation. Je trouve personnellement dommage que CachyOS ne se concentre que sur KDE comme bureau classique de référence. Tant que l’on peut installer tous les autres, ça me va. J’ai opté pour Gnome bien que Cinnamon est aiguisé ma curiosité de le voir sur une rolling release. La version Manjaro communautaire étant très bien.

Détaillons un peu ce parcours du combattant
Parlons de Kdrive.
Cette application rencontre à la connexion, et parfois même à l’exécution, des problèmes avec, d’une part KDE qui bloque le jeton d’identification, et d’autre part, des distributions qui ne parviennent « vanilla » – c’est à dire sans bidouille ou compléments – à faire apparaître l’icône de kdrive dans la barre des tâches (mais bien dans le navigateur de fichier, allez comprendre).
Ainsi Ubuntu, Open suse, Voyager Gnome à base d’Ubuntu, Fedora xfce/kde m’ont refusé une installation sans souci de l’appimage de kdrive. Soit un problème de jeton, soit d’un processus qui se lance et s’éteint après quelques secondes. Par exemple Opensuse tumbleweed plante la connexion de Kdrive avec KDE ou ne fait pas apparaître l’icône avec Gnome (qui, il est vrai, est livré très pur, sans extension).
Parallèlement à cela, quelques rares distributions m’ont posé des difficultés avec Cryptomator qui fait partie de mon combo de sécurité. Le déverrouillage d’un coffre synchronisé sur Kdrive échoue par exemple.
En Revanche
Linux Mint cinammon/xfce, Manjaro gnome/xfce/cinnamon, CachyOS Gnome, MX Linux xfce (mais pas KDE) n’ont posé aucun problème avec Kdrive.
Parlons de l’imprimante.
C’est bien simple : détection automatique sous Ubuntu/Debian (Ubuntu, Mint, Mx Linux pour ne citer que les plus réputées). Galère sur Manjaro, Open Suse et dans une moindre mesure Fedora.
Me voici donc à revoir mon classement dans mes distributions d’usage.
Avant ce petit classement très personnel, je vous livre la configuration des deux anciens PC portables qui ont servi à faire les tests. Tous les deux sous Nvidia.
Le ACER PREDATOR

Le ASUS

Le classement du moment
Rolling Release | les + pour moi | les – pour moi |
1. CachyOS Grand Vainqueur | – A solutionné tous les blocages rencontrés sur d’autres distros !!!! – J’aime bien Octopi couplé avec Gnome logigiel ou Easyflatpak pour les flatpack. – Propose quasiment tous les bureaux. – Rapide ! Même sur les vieux PC ; et en mode économique de Gnome, encore plus rapide qu’une Manjaro. – Des snapshots qui permettent de revenir en arrière. – Une détection automatique et parfaite des vieilles cartes Nvidia. – l’usage du terminal est inexistant au quotidien. Un comble pour du Arch. – Une variation de Archlinux supérieure à Endeavors et Garuda en termes de tranquillité d’esprits (pour l’instant…) | – KDE, bureau de référence pour CachyOS, après installation de la distribution, semble provoquer un écran noir pendant le démarrage sur l’Asus. Peut-être un problème de Plymouth. |
2. Manjaro Second de peu, mais l’imprimante… | – Belles implémentations de KDE, XFCE et GNOME. – Un système de contrôle des paquets qui tente d’assurer une grande stabilité. | – Seul point noir : ne parvient pas à faire fonctionner automatiquement l’imprimante Brother en réseau. – Avec Gnome en « équilibré » c’est assez lent. – Une détection qui n’est pas optimale des vieilles cartes vidéos Nvidia. |
3. OpenSuse tumbleweed Tout petit troisième : parce que j’ai le faible espoir que cela s’améliore. Faible… | – Très bonne stabilité – Rollback efficace | – A dégringolé de la première place à la troisième sur trois. Imprimante difficile à faire fonctionner. – Myrlyn : gestionnaire de paquets encore trop jeune, mais intéressant. – Un KDE qui rencontre les mêmes problèmes que dans d’autres distributions. – Un Gnome moins bien préparé que sur d’autres distributions. – un côté vieillot sur certaines interfaces. |
Stable | les + pour moi | les – pour moi |
1. Linux Mint Vainqueur comme souvent. Alors oui, Mint n’est pas aussi « fresh » qu’Ubuntu ou Fedora. Mais tout fonctionne. Chi Piano va Sano ! | – Grande sérénité à l’installation. Je sais que logiquement tout va fonctionner même sur des configs vieillissantes ou originales. – Extensions et Applets de Cinnamon très efficaces. – Cinnamon ultra-fluide et bien équilibré entre simplicité et possibilité de configuration personnelles. – Des interfaces graphiques (GUI) pour de nombreuses fonctionnalités. – Se méfie des Snap (bien que les Snap s’améliorent grandement) – Evolution lente, mais prudente – Quelques petites applications from Mint qui sont sympas. – Des applications internes pensées pour faciliter le fonctionnement de Linux sur sa configuration (gestion des pilotes, sauvegardes, mises à jour…) – Propose une version Debian pure. | – Que deux bureaux ! J’oublie Mate vieillissant et devenu un bureau de niche. Le retour de KDE ou d’un Hyperland consoliderait certainement sa position déjà très haute. – Cinnamon très (trop?) sage, mérite de passer à la vitesse supérieure : son renouveau arrive bientôt. – |
2. MX Linux XFCE Second d’un cheveu, car quasiment aussi fiable que MINT. | – Pour ses outils MX – Pour son XFCE bien pensé – Pour sa base Debian ultra stable – Une implémentation de KDE de qualité (après ça reste du KDE) – Pour ses diverses ISO en fonction de son matériel – Pour son installeur de programmes permettant d’accéder à des versions Debian tests des applications (les plus à jour donc) – Une application permettant de gérer son Grub facilement | – Évolution très lente, car basée sur Debian (tous les deux ans). Mais tout de même des mises à jour fréquentes. – Quelques petits bugs que Mint n’a pas. |
3. Nobara Troisième pour faire entrer Fedora dans ce trio. | – Fedora sans toutes les démarches post installation – Bien optimisée – Des ISO selon les configurations – Une version Steam (pourquoi pas…) | – Que deux bureaux classiques avec KDE comme bureau custom. |
Parlons de GNOME sur CachyOS


GNOME, contre toute attente et grâce à Voyageur Linux, a fini par m’apprivoiser et me plaire. Le bureau est très agréable à l’œil, mais cela dépend tout de même de la distribution. La version Ubuntu ne me plait pas au premier abord. La version Fedora est bien, mais sans plus. Celle d‘OpenSuse est totalement dépouillée sans extension pré-installées.
Bref, celle de Manjaro est un cran au-dessus des trois autres avec des extensions pré-installées – activées ou non.
Celle de Voyager Linux est également très bien pensée « en sortie de boîte ». C’est par elle que je me suis habitué en quelques jours à Gnome au point de trouver KDE moins intéressant qu’avant et presque trop windowsien dans les mauvais côtés.
J’avoue avoir eu un coup de cœur irrationnel pour la saveur Voyager Linux Gnome (et un XFCE super customisé) basée sur Ubuntu. Mais Kdrive a posé un problème sous le bureau Gnome Ubuntu en raison certainement d’une extension manquante que j’aurais pu ajouter. Mais j’avais envie de revenir à une rolling release. Je suivrai tout de même les prochaines versions de Voyager sachant que la 25.10 ne proposera pas (provisoirement) XFCE en raison d’un blocage X11 placé par Ubuntu.

Gnome est livré « brut » sur CachyOS qui lui préfère KDE comme bureau par défaut.
Voici les extensions que j’ai installées pour adapter Gnome 49 à mes goûts et mon flow de travail.
- App Icons Taskbar (parfait pour simuler du KDE, Cinnamon ou XFCE pour ne citer que cela)
- Appindicator and KstatusNotifierltem Support (avoir les indications dans la barre de tâches)
- Arc Menu (histoire d’avoir un menu classique avec une configuration très profonde. Je ne l’utilise quasiment pas car honnêtement, je me suis habitué à Gnome qui est finalement très fluide)
- Clipboard indicator (pour du copier-coller efficace)
- Coverflow Alt-Tab (pour un Alt-Tab en 3D)
- System monitor (un oeil discret sur les données CPU, RAM, Fichier d’échange du PC)
- SimpleWeather (gnome 48, j’espère bientôt en version Gnome 49)
- Disable Unredirect (c’était pour Hide top Bar, mais App Icons Taskbar fait le taff, donc possiblement inutile)
- UWF Status Indicator (un oeil sur le parefeu)
Avec GNOME, mon écran/bureau est totalement vide et pur avec une barre de tâches escamotable et des extensions discrètes et bien intégrées.
Attention, avec les autres bureaux comme KDE, Xfce, LQXT il est assez facile de parvenir à la même épure. C’est le look/design de Gnome qui fait souvent la différence. Plus en rondeur (mais KDE vient d’intégrer les quatre coins ronds), plus « Mac », mais aussi plus « dispersé » sur l’écran et qui demande de désapprendre certains automatismes visuels ou techniques de Windows.
La « Super Key » (la touche Windows sur un clavier PC générique) combinée au moteur de recherche proposé par Gnome est redoutablement efficace. Soit dit en passant, KDE propose la même efficacité en termes de recherches directes (voir mieux, il me semble). Gnome prône l’usage de différents bureaux. Je n’ai pas cette habitude, ni ce réflexe. J’utilise encore un seul bureau, préférant le tiling et la navigation entre les fenêtres. Mais même Windows propose les bureaux mutiples, alors peut-être faut-il que je m’y essaye.
Question tiling automatique, l’extension Forge ou Tiling Shell pour Gnome s’en sortent très bien tout comme le tiling du nouveau bureau Cosmic dans sa version Alpha. À noter également Cortile qui est très intéressant notamment pour du tiling sous XFCE.
J’aime aussi le gestionnaire de disques de Gnome intégrant la possibilité de produire des clés USB live des distributions linux. Quant au gestionnaire de fichier Nautilus (ou maintenant Gnome fichier), il fait à mon avis match nul avec Dolphin de KDE mais pas avec les mêmes avantages et désavantages.
Et les deux autres ?
J’avais délaissé XFCE depuis une quelques années et pour autant, je m’aperçois que je reste adepte de sa stabilité, de sa simplicité, de greffons parfois plus sympas que ceux d’autres bureaux. Le tout étant assez configurable pour se faire plaisir et obtenir une belle esthétique. Je trouve XFCE, bien entendu, plus classique que Gnome, tout en proposant un niveau de configuration pragmatique bien suffisant par rapport à un KDE que finalement, je ne customise pas et dont je dois même restreindre certains effets « vanilla » comme l’animation du pointeur.
KDE qui fut ma référence ces dernières années m’a joué quelques vilains tours ces derniers temps et son niveau élevé de personnalisation ne m’intéresse que peu. Si bien qu’il en est venu étonnamment à descendre en sixième position dans ma liste des bureaux Linux, derrière Cinnamon, XFCE, Gnome, Hyprland, Cosmic (Alpha – BETA). Pourtant, il a été mon bureau préféré pendant quelques années, notamment en raison de Discover et Dolphin.
Je suis cependant à contre-courant, car KDE a clairement gagné en réputation sur Gnome. Beaucoup de distributions l’ont adopté comme bureau de référence et Gnome ne compte plus guère que sur Ubuntu pour être dans la vitrine. Son utilisation de Qt 6 oblige GTK a tirer la langue, sa customisation affole les pretty woman des distributions, mais c’est surtout ses applications qui valent le détour. KDE a passé le turbo dans une logique de rolling release depuis la version 6 et c’est peut être pour cela qu’il est devenu légèrement instable à mon goût.
Un petit mot sur Hyprland
j’apprivoise depuis peu ce type de bureau gestionnaire de fenêtres. Je n’en dirais pas plus, mais j’aime énormément ce que je découvre. Sobre, épuré mais joli, ultra rapide, Tiling très bon, navigation efficace et bien pensée…

Ubuntu
J’en profite pour faire une incise au sujet d’Ubuntu. Adrien qui anime la chaîne Youtube Linuxtricks a placé Ubuntu Vanilla comme meilleure distribution grand public pour 2025 devant Linux Mint. Personnellement, je ne suis pas du tout d’accord et ne comprend toujours pas ce revirement. J’ai installé la dernière Ubuntu et j’ai rencontré plusieurs petits problèmes techniques. Les arguments d’Adrien sont valables dans sa promotion d’Ubuntu, mais comme souvent ses tests de distributions ou d’utilisation ne sont pas poussés en profondeur, ce qui est normal, et donc il peut passer à côté de certains dysfonctionnements (imprimantes, applications, bug graphique). Au final, les difficultés vues avec Ubuntu, disparaissent avec Linux Mint, ou une Manjaro … comme quoi…